Pour le premier petit-déjeuner de rentrée, le Cercle Turgot à accueilli, le mardi 6 septembre, Isabelle Job-Bazille, qui a présenté un brillant exposé sur les perspectives économiques de rentrée dans un contexte post-covid de pénurie et d’inflation, de guerre en Ukraine et après les élections présidentielles et législatives en France.
Dans le scénario économique et financier présenté, si elles étaient, pour les plus développées d’entre elles, sorties robustes des phases aigues de l’épidémie de Covid les économies affrontent de nouveau l’adversité. La tendance sur laquelle elles étaient installées s’infléchit avec un risque de rupture.
Alors que la situation militaire en Ukraine reste hautement incertaine, que les scénarios de
négociation se complexifient et que la fragmentation géopolitique est manifeste, le scénario se
fonde toujours sur l’hypothèse d’un conflit durable.
L’inflation est revue à la hausse et constitue le principal facteur de dégradation des perspectives une inflation trop élevée mais aussi plus diffuse et plus durable.
Une inflation contre laquelle lutter est une priorité et qui suscite des resserrements monétaires
plus massifs et plus précoces, des taux d’intérêt plus élevés.
Il faut aller vers un changement de paradigme avec plus d'investissement, plus d'inflation et plus d'Etat.
Un nouveau régime d’accumulation plus écoresponsable. La transition vers une économie neutre en carbone va nécessiter de remplacer ou d’adapter le stock de capital existant, ce qui va changer la composition de la croissance, davantage de ressources étant consacrées aux investissements « verts » et moins à la consommation. Les réallocations sectorielles vers les activités bas carbone vont également entraîner des réaffectations de la main d’œuvre, avec des besoins de reconversions et d’adaptation des compétences. Ces grandes transformations vont bousculer les équilibres socio économiques.
Un régime de croissance plus inflationniste. La décarbonation des économies va entraîner des pressions haussières sur les prix des énergies fossiles (taxe carbone) et des matières premières nécessaires à la transition, avec pour conséquence une déformation des prix relatifs .
Un mode de régulation revisité avec un rééquilibrage du policy mix en faveur de la politique budgétaire. Les efforts d’investissements en faveur de la transition écologique vont être en partie portés par la dépense publique. Le retour de l’Etat stratège, planificateur et interventionniste dans les domaines jugés prioritaires est également source de dépenses supplémentaires. Déficits et dettes devraient continuer à augmenter à partir de niveaux déjà élevés. Dilemme pour la politique monétaire qui va devoir assurer à la fois la stabilité des prix dans un contexte plus inflationniste et la soutenabilité des trajectoires de dette publique.
De riches échanges entre les participants et Isabelle Job-Bazille ont clôturés ce petit-déjeuner.