Trichet plaide pour un ministère des Finances européen
Le président de la BCE estime que l'UE doit aujourd'hui développer la centralisation de ses politiques économiques.
Source ReutersL'Union européenne doit envisager de développer la centralisation de ses politiques économiques si elle ne parvient pas à juguler la crise de la dette dans la zone euro, a déclaré jeudi le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet. À l'occasion de la remise d'un prix pour sa contribution à l'unification européenne, Jean-Claude Trichet a avancé plusieurs idées, comme la formation d'un ministère des Finances européen ou un droit de veto européen sur certaines décisions économiques nationales. À l'heure où la zone euro envisage un nouveau plan de sauvetage pour aider la Grèce à s'extirper de sa crise budgétaire, ces propos ont fait bondir la monnaie unique à un plus haut niveau d'un mois face au dollar, à 1,4487. Vers 11 heures GMT (une heure de Paris), l'euro s'échangeait autour de 1,4468 dollar.
"Dans un premier temps, il est justifié de fournir une assistance financière dans le cadre d'un programme d'ajustement fort", a déclaré Jean-Claude Trichet. "Mais si un pays n'y arrive toujours pas, je pense que tout le monde est d'accord pour dire que le deuxième stade doit être différent", a-t-il poursuivi. "Irait-on trop loin si on envisageait, à ce deuxième stade, de confier aux autorités de la zone euro un droit de regard plus marqué et qui fasse autorité dans la définition des politiques économiques d'un pays, si celles-ci dévient dangereusement ?" Poursuivant son raisonnement, Jean-Claude Trichet a déclaré : "On pourrait imaginer que les autorités européennes aient un droit de veto sur certaines décisions de politique économique nationale. Cette attribution pourrait concerner en particulier certaines dépenses budgétaires majeures et des choix essentiels à la compétitivité du pays."
À plus long terme, il a suggéré la création d'un ministère central des Finances pour l'UE, dans la lignée du marché unique, de la monnaie unique et de la Banque centrale européenne. "Pas nécessairement un ministère des Finances chargé d'un important budget fédéral, mais un ministère des Finances qui aurait des responsabilités directes dans au moins trois domaines. Premièrement, la surveillance des politiques budgétaires et de compétitivité. Deuxièmement, toutes les responsabilités typiques du pouvoir exécutif en ce qui concerne le secteur financier intégré de l'UE. Troisièmement, la représentation de la confédération européenne auprès des institutions financières internationales", a-t-il détaillé. Dans un discours jeudi à Singapour, la chancelière Angela Merkel a, elle aussi, rappelé le souhait de l'Allemagne de parvenir à une meilleure coordination des politiques économiques européennes.
Tribunes de Jean-Louis Chambon, Président d'honneur fondateur du Cercle Turgot